Versailles dit non aux musiques actuelles !

(19/04/2015 - édito de dissolution de l'association)

 

Versailles dit non aux musiques actuelles

 

Le Potager du Rock, c'est fini ! Après 12 ans d'engagement bénévole pour le développement des musiques actuelles à Versailles et 8 éditions du festival, l'association Universailles Musiques se voit contrainte d'y mettre un terme face au refus des élus municipaux.

Versailles, préfecture des Yvelines : un patrimoine inestimable à la renommée mondiale, un beau château, un conservatoire régional, un centre de musique baroque, près de 90000 habitants, dont une grande part d'étudiants évoluant dans près de 10 lycées, une fac et plusieurs établissements d'études supérieures, vivier de nombreux talents musicaux... Mais où sont les concerts ? Où ses habitants et sa jeunesse peuvent-ils écouter en live les musiques qu'ils aiment, qui les rassemblent, des musiques dites "actuelles" (pop, rock, électro, chanson, reggae...) ? C'est aussi de la culture ça, non ? Ou bien ce terme est-il seulement réservé aux œuvres de quelques grands noms centenaires qui portaient bien la perruque ? Heureusement, il y a les Vendredis du Rock, le tremplin organisé par la ville : 5 concerts par an dans une salle polyvalente peu adaptée aux musiques amplifiées... C'est déjà ça, mais le reste de l'année, on va où ?

Depuis 8 ans, le festival "Le Potager du Rock" offrait une scène pour les groupes et publics versaillais et de la région pour s'exprimer dans des conditions professionnelles - dans une ville qui manque cruellement d'équipements et de projets dédiés aux musiques actuelles - avec pour principales valeurs l'accessibilité par sa gratuité et sa localisation (des concerts dans les bars des différents quartiers, et un concert de clôture en plein air en centre-ville), ainsi que le soutien à la scène locale, mise en valeur aux côtés d'artistes professionnels.

Le Potager du Rock, c'était une vingtaine de groupes, 7 dates dans les bars et 1 clôture sur grande scène en plein air, une trentaine de bénévoles, 1500 spectateurs... et seulement 500€ de subvention municipale. 500€ sur un budget culture de fonctionnement de 8,25M€ (en augmentation de 5% entre 2014 et 2015), dont 0€ dans la case "expression musicale"(1). 500€, c'est la moitié du prix de location du groupe électrogène nécessaire à la tenue du concert de clôture en plein air. 500€, c’est le tiers du coût de programmation d’une petite tête d’affiche régionale. 500€, ce sont les miettes que l’on nous offre après une réduction de 75% de la subvention que nous touchions il y a 3 ans. Mais en dehors de toute considération budgétaire, c'est la possibilité même d'organiser un nouveau concert en plein air qui a été contestée cette année par nos élus, refusant de nous délivrer une autorisation pour organiser un concert en extérieur, sans aucune raison apparente, avec pour seule alternative des maisons de quartier excentrées et peu adaptées. La mort du festival résulte donc avant tout d'une "décision politique" de nos élus.

Ces mêmes élus nous ont promis il y a plus d'un an la construction prochaine d'une salle dédiée aux musiques actuelles. Pourtant aucune mention n'en est faite dans les récentes annonces concernant les travaux d'aménagements urbains à venir pour la ville(2). Qu'en est-il aujourd'hui ? Alors même que nos élus montrent un manque d'intérêt flagrant envers le projet que nous défendons depuis des années, ceux-ci osent évoquer aujourd'hui leur volonté d'organiser un festival à tendance pop-électro en 2016. Où est la cohérence ? Et où vont-ils trouver l’argent ? Alors que le seul argument mis en avant pour justifier leur refus d'un nouveau plein air est le manque de budget ! Nos élus préfèrent donc dépenser plus, plutôt que de soutenir une initiative citoyenne d'habitants engagés pour faire bouger leur ville et sa jeunesse. Attendons de voir ce qu'il se passera... Quoi qu'il en soit, il semble que l'associatif n'ait pas sa place dans de tels projets.

Face à ce constat, Universailles Musiques, berceau de nombreux professionnels du spectacle vivant, ayant pourtant prouvé ses compétences par la qualité des projets menés durant ces 12 années de militantisme musical, préfère donc rendre son dernier souffle plutôt que de continuer à brasser du vent. Il ne reste plus qu'à espérer que nos élus sauront prendre les choses en mains ou que de nouvelles énergies prendront la suite. En attendant, nous remercions tout ceux qui nous ont soutenus et ont participé à ce beau projet, et vous donnons rendez-vous le 13 mai 2015 à la Royale Factory pour finir comme on a commencé, par la musique et la fête !

 

1) Chiffres consultables sur le site web de la ville : http://www.versailles.fr/vie-municipale/versailles-en-chiffres-budget
2) Voir "Versailles Magazine" du mois d'avril, p.14 : http://fr.calameo.com/read/0012965771d251e108bf9